L’Art de vivre en Corse

Dominant la fabuleuse vallée du Prunelli, niché à 900m au sein du Parc Naturel Régional de Corse, Bastelica est un village de caractère au cœur de la montagne corse, traversé par le fleuve du Prunelli. Avec ses maisons en granit, ses ruelles pavées, ses fontaines et ses vieux fours, l’architecture du lieu témoigne de la riche histoire d’une île qui n’a pas encore révélé tous ses secrets. En suivant le chemin spectaculaire des eaux du Prunelli, le long des gorges qui conduisent au Lac de Tolla, vivez plus d’une aventure de la montagne à la mer, goûtant à ses plaisirs des plus paisibles aux plus intenses, explorant une nature incroyablement généreuse à l’origine de traditions et de savoirs faire ici préservés.

La naissance d’un village

Un des plus anciens vestiges témoignant des premiers habitants sont les fondations de la chapelle de Sant’Austinu (XIème siècle), en direction du col de la Scalella. On raconte qu’un désaccord futile mais néanmoins violent entre les villageois fût à l’origine d’un déplacement plus bas dans la vallée pour fonder Bastelica. Essentiellement composée de familles pastorales se déplaçant régulièrement suivant les besoins des élevages, c’est progressivement que les habitants se sont sédentarisés. Vers la fin du XVIIIe siècle Bastelica est décrit comme le village où l’on dénombre le plus de bergers.

Du valeureux Sampieru au personnage d’Othello de Shakespeare

C’est à Bastelica en 1498 que naquit le fameux Sampieru Corsu. Il est l’un des personnages mythiques qui ont façonné l’histoire de la Corse, avec Napoléon Bonaparte et Pasquale Paoli. Militaire de carrière depuis l’âge de 14 ans, illustre soldat au service de Jean de Médicis, du pape Clément VII, de François Ier puis d’Henri II, il tenta de libérer la Corse de l’emprise génoise. L’officier de marine et poète Sir William Wyse disait de lui qu’il était « Le plus corse des Corses ». En effet, par son incessante lutte contre les génois, le valeureux Sampieru s’affirma comme le précurseur d’une Corse indépendante. Tragiquement connu pour avoir tué de ses mains, sa femme, Vannina d’Ornano, qui avait quitté le domicile conjugal et pactisé avec l’ennemi génois, il aurait inspiré Shakespeare pour son personnage d’Othello. Il mourut à l’âge de 69 ans lors d’un piège tendu par des cousins de Vannina, qui vengèrent ainsi la jeune femme, aidés de mercenaires étrangers.

Bastelica présente les maisons de ses hameaux en amphithéâtre. Le village est entouré d’alpages semés de châtaigniers et de nombreux chemins muletiers le relient aux autres vallées. Le village est composé de plusieurs quartiers : Dominicacci, Tricolacci, Boccialacci, Vassalacci, Santu, Costa, Stazzona. La commune compte également trois hameaux plus éloignés : Vignola, Radicale, Zipitoli.

Le patrimoine bâti du village se découvre à chaque instant au gré des déambulations : Les maisons du moyen âge côtoient les maisons de notables du XVIIème et XIXème siècle, de nombreux fours à pain, fontaines et lavoirs anciens. De nombreuses chapelles témoignent également de l’organisation du village : la chapelle L’Anunziata à Dominicacci, la Chapelle Notre-Dame-du-Mont-Carmel dite a Ghjisgiola à Vassalacci, Chapelle Sainte-Bernadette à Radicale et celle de Sant’Austinu di Basterga. À l’écart du village on peut également admirer les séchoirs à châtaigne et les moulins à farine du XIXème siècle, attestant de la riche vie du lieu. Dans la forêt territoriale de Pineta, le pont gênois de Zipituli se découvre dans un charmant paysage. Il s’agit d’un bel ouvrage à arche unique qui permettait au XVI siècle de relier Bastelica à Ajaccio.

Au centre du village, l’église paroissiale San Michele, de style baroque, date du XVII siècle. Elle abrite des œuvres remarquables, inscrites ou classées Monuments historiques : un chemin de croix de 1905, une statue en bois Vierge à l’Enfant, Notre-Dame du Rosaire du XIXème, un tableau Le calvaire et un bénitier en marbre qui datent du XVIIème siècle, l’autel également de la même période, provient du couvent de la Trinité de Bastelica aujourd’hui disparu, ainsi qu’une statue de saint Antoine de Padoue. On peut également y admirer des fresques du peintre Frassati et de remarquables vitraux.

Incontournable et mythique personnage du village, les monuments dédiés à Sampieru Corsu sont nombreux. C’est ainsi qu’une imposante statue de bronze inaugurée en 1890 et classée Monument Historique tient une place centrale et fait face à l’église. Elle représente Sampieru Corsu au combat tenant une épée dans une main et son blason dans l’autre. La maison natale de Sampieru Corsu, construite au XVème siècle, porte une plaque commémorative placée en 1855 par le petit-fils du Prince Lucien Bonaparte, le poète Sir William Wyse ainsi que son ami l’avocat Alexandre Costa. Dans le quartier Tricolacci, un buste réalisé en 1938 par Louis Patriarche, sculpteur médailleur français originaire de Bastia est situé en face du manoir de la famille Costa, un autre édifice remarquable dont la construction date du XVème siècle.